Réverbération

Orfèvre caché des eaux
Tes yeux à la nuitée
Réverbèrent l'illusion
Gratte-ciel écoulé
Aux blés des lumières
Étreinte des étreintes
A la nue charriée

Glycines

Plus personne ne coulisse son visage jusqu'au fond du regard amant
la chaise au bois dormant n'attend plus son chaperon
l'amour se serait-il pendu au bleu des glycines ?

Chutes

Ce qu'il reste,
c'est la beauté de nos gestes les plus insensés,
l'élan de nos chutes de mortels

Lune

Innommable
est l' oiseau
vers trois heures du matin
signe de vie
dans le giron de la lune
réflexe
le chant tendu
du sexe masculin

Dentelles

Dentelles fraîchies
que remonte la mer
à même la roche
Érotique fanée
des dessous

Estampe

Amour estampe de nos ombres effleurées

Filles secrètes chiffonnées de nuit

Seiches

Seiches au soleil

De grands silences

Aux gonds éclatés des beaux jours
fourmillent de grands silences
qui parlent en corps désarmés

Close

Méditerranée close sous ses figuiers,
d'un jet de pierre tu lézardes ton ombre,
méduse anse, ta tête tombe de soleil

Bâtisse

Le silence l'habitait bien mieux que le cri qui l'avait précédé,
il en va ainsi de toute parole, bâtisse et lieux-dit,
toujours relais

Diffraction

Derrière le tain (é)mouvant en (p)eau douce
se sédimente l'âme des saisons :
visages jetés à l'eau, mains lestes, arrière-sensations

Diffraction II

Ils s'éprennent au songe de l'eau et sans discorde la surface se noie
et s'imprègne de l'âme

Courbure

La courbure et le fer d'une lune à ta main l'orbe du désir fruit sein tendu et froid,
lys algide sur la poitrine des portes, filles closes en leur nuit frémissent sous la frappe

Ombre

De la lumière sortir l'ombre
chat noir à nos talons
la rue s'éteint

Cariatides

Depuis le balcon ils se virent
Cariatides à bout portant l'amour qui les sépare

Effusion

Bleu naissant de l'effusion : au couchant elle enfila ses bas bleu,
dirigeant ses yeux rougis au ciel,
elle effila la nuit

Enchevêtrement

De l'enchevêtrement de nos voix monte la parole
ange dépouillé de son masque d'encre et de ses oripeaux de papier
le signe se dégage sans âge, simple rêve avec sa voix de nuit

Feu

De la main du feu
extirpe l'étincelle
sacre ton origine
le poème est mémoire
en sa résine la forêt
écoule ses mythes
ballet sur leurs pointes sèches
Les hommes voient rouge et
perdent leurs bois

par amour égarés

Lys

Au-delà du lys en rouille, le jour se galbait

et sur la pointe des heures s'apprêtait la rencontre

Vestige

Aux orties les murs vivaces de l’enfance

On ne compte plus dans le vent

Ceux qui se sont trop bien cachés

Impasse

L’instant campe sur ses positions que le ciel assiège

Pris entre ciel et murs, il regarde ce qui peut encore l’aveugler

: Quel bonheur prend encore la forme d’un nuage

Qui découpe sagement l’azur d’un ciel d’été ?

D'une seule voix

Apprivoiser ses visages et leur apprendre à ne parler que d'une seule voix

Intimité

Arches

De sa main elle évoqua l'arche des remembrances

Comme un lieu d'allégeance sa promenade sous les portiques incendiés

Borne

Il se bornait à l'orée, aux esquives, aux lobes lisses des feuilles, il chuchotait un chemin rêvé pour chaque être et chaque chose

Cannibale des lumières intrinsèques, il redoutait la nudité sauvage des anges à ciel ouvert